Harcèlement à l’école…
Mon enfant est victime de harcèlement à l’école, que faire ?
Ces derniers mois, ces dernières semaines, j’ai beaucoup entendu parler de harcèlement à l’école, subi par des petits d’à peine 8 ans …
La télé ainsi que les journaux ont trop régulièrement mis à leur une des accidents ou pire, des décès où la cause est le harcèlement .
Je souhaite aujourd’hui échanger avec vous sur ce sujet grave qui à mon sens est bien trop présent.
L’affiche gagnante du concours national «Mobilisons-nous contre le harcèlement». Elle a été réalisée par les élèves de l’école primaire toulousaine Dupouy. – Ecole élémentaire Dupouy académie de Toulouse
Comment savoir si mon enfant est agressé, harcelé, moqué? Quels sont les signes à repérer ?
Je m’appuie ici sur un article que j’ai trouvé très complet de Hélène Romano, chercheuse en psychologie clinique et coauteur de L’école face au traumatisme et à la violence (éd. La pensée sauvage), publié sur Le Point.fr . La chercheuse tente de répondre aux questions que nous nous posons face au harcèlement dont sont victimes nos enfants.
Moqueries répétées, isolement, textos ou mails agressifs ( lorsque l’enfant est déjà au collège et qu’il est présent sur les réseaux sociaux et sur internet), matériel endommagé ou volé, bousculades…, autant d’agressions répétées qui peuvent blesser un enfant.
Le phénomène n’est pas nouveau, mais aujourd’hui nous en entendons beaucoup ( trop) parler, il prend de l’ampleur avec les réseaux sociaux et les mobiles.
Ces chiffres sont alarmant : En France, un enfant sur dix en a déjà été victime, une souffrance souvent passée sous silence par méconnaissance du problème. Alors que le ministre de l’Éducation Vincent Peillon lance un plan d’action pour « briser la loi du silence », une prise de conscience émerge et soulève des questions : comment savoir si mon enfant est harcelé ? Comment réagir et l’aider ? Comment éviter les problèmes ?
Matériel scolaire abîmé ou vêtements détériorés, premiers signes à surveiller
Les parents se sentent souvent coupables de ne pas avoir vu que leur enfant souffrait. Hélène Romano explique qu' »un enfant harcelé est tellement pris par la peur et la honte qu’il ne parle pas spontanément de son problème ». Il est donc important d’en reconnaître les signaux d’alerte. « Le premier signe est la dégradation des affaires personnelles de l’enfant, explique la psychologue : un manteau déchiré, un cahier tombé dans l’eau, des taches d’encre, un enfant qui perd toujours son stylo à plume, qui revient taché… », détaille-t-elle. Bien souvent, l’enfant trouve des excuses, tandis que le parent le sermonne : « Tu as vu le prix du sac, tu pourrais faire attention à tes affaires… » Quand la dégradation est répétée, cela montre que l’enfant ne va pas bien : il abîme rarement lui-même ses affaires et, la plupart du temps, il est victime d’agressions.
Le refus ou l’évitement de l’école : un signal à ne pas prendre à la légère
Un enfant qui n’a plus envie d’aller à l’école n’est pas forcément en rejet de l’apprentissage. « Des enfants en échec scolaire viennent en cours avec plaisir pour y retrouver les copains, explique Hélène Romano, l’école étant un lieu de sociabilisation important. A contrario, un enfant harcelé évitera le temps scolaire », assure Hélène Morano. Cela peut passer par de l’irritation, le refus de faire le trajet tout seul, l’absence de copains, le souhait d’arriver à l’heure exacte du début des cours pour éviter la confrontation, ou encore le refus de la cantine en raison de mille excuses… Souvent, cela démontre un isolement de l’enfant, qui peut aussi être ressenti en classe par les professeurs.
Repérer la détresse psychologique de l’enfant
« Les signes de souffrance psychologique liés au harcèlement sont plus difficiles à identifier, car il peut y avoir d’autres causes, prévient Hélène Romano. D’autre part, on a tellement dit aux parents que le mal-être des adolescents était normal qu’ils manquent de repères. Ce qui doit les alerter, c’est quand la situation excède 15 jours. » Un adolescent ou un enfant en retrait, triste, anxieux, en perte d’appétit (ou excès), avec des peurs inexpliquées, des troubles du sommeil, des cauchemars, ou encore en hyper-vigilance (il se retourne quand il marche, par réflexe d’une agression possible), sont autant de signaux importants. Si le harcèlement dure, ces enfants sont convaincus qu’ils n’ont pas de valeur. Ils peuvent alors se désinvestir, se négliger, ne plus prendre soin d’eux, voire se faire du mal et se blesser. Dans les cas extrêmes, certains en viennent aux tentatives de suicide.
Connaître les profils d’enfants harcelés
« Le harcèlement intervient au moment où les jeunes victimes se sentent plus vulnérables », analyse Hélène Romano. Un déménagement, une particularité physique, une puberté pas encore installée, un changement familial comme un divorce ou un parent moins présent à la maison… D’autres enfants, dans un climat de violence familiale ou d’hyper-exigence des parents, sont mis en position d’infériorité et reproduisent ce schéma à l’école : ils s’excusent tout le temps, répètent la soumission qu’ils connaissent. « Quelle que soit la cause, cette vulnérabilité est comme un aimant qui fait de l’enfant une proie facile », croit savoir la psychologue. Souvent, le harcèlement commence entre le CE2 et le CM2, voire dès le CP, et un enfant harcelé jeune aura plus de probabilités de l’être à nouveau au collège, voire plus tard dans sa vie d’adulte, si rien n’a été fait. Ces enfants sont souvent brillants, voire bien intégrés par ailleurs dans des clubs de sport ou autres.
Comprendre les différents types de harceleurs
Il existe trois grands profils de harceleurs. Le plus fréquent est le suiveur, pour qui il est vital de maintenir sa place dans le groupe et qui fera n’importe quoi pour cela. Les « harceleurs harcelés » sont eux des enfants qui ont été victimes et qui vont reproduire ce vécu. Leur souffrance n’a pas été reconnue et verbalisée et c’est pour eux la seule façon de se dégager de ce qu’ils ont subi. Enfin, la dernière catégorie est celle des « harceleurs transgressifs » qui souvent dominent un groupe et harcèlent pour le plaisir psychopathique de faire souffrir l’autre. Contrairement aux autres harceleurs, ils ne s’excusent pas, n’éprouvent pas d’empathie et rejettent la faute sur la victime, quitte parfois à inverser les rôles en se victimisant. Ce sont souvent des enfants rois, qui vivent sans loi, sans règles et sans interdits.
Trouver les mots pour en parler avec son enfant
« Poser la question de manière frontale est-ce que toi tu es harcelé ? n’est assurément pas la bonne technique, affirme Hélène Romano. L’enfant répondra non, car il a peur des représailles et aussi des réactions de ses parents, qu’il voit anxieux. » Par ailleurs, des réactions comme mais pourquoi tu ne l’as pas dit ?, tu es grand, c’est à toi de trouver des stratégies, de te défendre n’aident pas l’enfant à être reconnu dans sa souffrance, bien au contraire. « Le mieux serait plutôt d’amener le sujet indirectement, poursuit la psychologue, avec par exemple : je ne sais pas comment c’est à l’école, mais si cela se passait, je voudrais que tu puisses m’en parler. » Face à un enfant qui exprime son refus d’aller à l’école ou à la cantine, plutôt que le déni (« mais non, c’est très bon »), il faut essayer de comprendre : « Tu n’as plus envie depuis longtemps ? Pourrais-tu m’expliquer ce qui fait que…? » ou encore « Je sais que parfois il y a des problèmes entre élèves, est-ce cela ? »
Accompagner son enfant en cas de harcèlement
« Quand on constate que son enfant est victime, il faut d’abord le rassurer, lui dire qu’on le croit, que l’on essaie de comprendre et qu’il peut compter sur nous », conseille Hélène Romano. C’est important que l’enfant se sente reconnu et protégé. À l’inverse, si on lui dit tu l’as bien cherché, l’enfant est comme mort psychiquement. La deuxième mesure consiste à rencontrer le médecin ou l’infirmière scolaire. En cas de harcèlement trop important, l’enfant a d’ailleurs le droit à un enseignement à domicile, ce qui est peu connu des parents. En troisième lieu, la rencontre avec le chef d’établissement pourra être utile, cela étant variable d’une école à l’autre, certaines institutions ayant du mal à reconnaître ces problèmes. Enfin, quatrième étape : proposer – et non imposer – à l’enfant de rencontrer un psychologue, un psychiatre, un psychosomaticien ou un médecin de famille, qui pourront lui permettre de retrouver confiance en lui. Le dernier recours, plus rare, reste la plainte judiciaire. À ce jour, seuls des cas de cyber-harcèlement ont donné lieu à des condamnations, car ils laissent des traces. Dernier point, entamer une discussion avec les parents des harceleurs reste délicat : c’est possible quand on est en bons termes avec eux, mais plus compliqué quand on ne les connaît pas, car ils seront sur la défensive et cela peut se retourner contre l’enfant harcelé.
J’espère que cet article vous permettra face au harcèlement de savoir comment réagir et de mettre en place des solutions. Personne ne devrait avoir à faire face à cela…
Face au harcèlement, le gouvernement a mis en place un site internet que vous trouverez ici
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